Comme tous les textes de ce site, le suivant est encore susceptible d'être modifié d'ici la date officielle de dépôt des motions pour le Congrès.
Dans la nature, le brassage génétique contribue à la diversification du vivant. L’être humain s’inscrit dans ce cycle, en y ajoutant une dimension culturelle.
Cette culture est plurielle. Elle est le fruit d’histoires, de rencontres, de migrations, de territoires… La France est née de ce brassage de cultures, d’idées, d’identités…, un brassage sans doute facilité par sa position géographique de carrefour. Notre République est donc à la fois une et interculturelle.
Nous devons arrêter de concevoir notre diversité comme un obstacle ou une source de défiance, mais au contraire, comme le terreau fertile de notre cohésion sociale, une cohésion basée sur le respect des uns et des autres, sur une confiance mutuelle, une ouverture d’esprit sur le monde qui nous entoure et, surtout, le désir de vivre ensemble avec nos différences, dans une société apaisée, propice à l’épanouissement de chacun.
Cela nécessite une réelle éducation à la citoyenneté et aux moyens d’activer sa part citoyenne, ainsi qu’une approche différente et critique de l’Histoire. Nous devons nous réapproprier nos histoires, sans chercher ni à en occulter une partie, ni à établir une hiérarchisation de tel ou tel épisode, ni à créer un sentiment de culpabilisation. Chaque moment de l’Histoire de notre monde doit être étudié de façon objective, afin de favoriser notre compréhension des uns et des autres, mais aussi pour éviter de reproduire des schémas qui se sont avérés délétères.
L’apprentissage des langues, nationales ou régionales, est aussi une source d’enrichissement mutuel, permet d’élargir notre façon de penser et de mieux appréhender ce qui est nouveau et différent.
Accepter l’autre, dans toute sa complexité et sa diversité, c’est aussi relativiser le concept d’évolution. Plusieurs modes de vie, de pensée et types de société peuvent coexister. Nous n’avons pas à porter un jugement de valeurs sur ces derniers. En revanche, nous pouvons accompagner la transition de certains modèles, qui mettraient en péril notre maison commune, à savoir la Terre.
Porter un regard différent sur le monde, sur les autres et sur nous-mêmes, c’est aussi garantir une meilleure représentation de notre diversité dans toutes les sphères de notre société, que ce soit dans nos institutions, dans les entreprises, dans les associations, dans les médias… C’est sans doute un prérequis pour renforcer le dialogue interculturel et pouvoir mener une politique volontariste en la matière.
Cela nécessite la mise en place d’outils efficaces pour mieux évaluer et lutter contre toutes formes de discrimination, le temps que le changement de pratique s’opère.
Pour donner corps à une République interculturelle, il faut aussi être capable de créer de nouveaux imaginaires, en s’appuyant sur les arts, la culture, l’artisanat, l’architecture, les politiques d’aménagement du territoire… Nous devons oser la différence, sortir des modèles standardisés qui entravent notre créativité et de la hiérarchisation/classification/opposition des cultures (institutionnelles vs populaires). Ne cherchons pas à gommer les différences dans un souci d’universalité, mais donnons à voir cette pluralité culturelle, en la laissant s’exprimer différemment et librement, selon les contextes, en favorisant la coopération entre les différents acteurs et institutions, ainsi qu’en impliquant davantage les habitants dans la vie culturelle de leur territoire.
Faire siennes nos différences pour mieux-vivre ensemble, c’est aussi lutter contre la peur de l’autre, la peur de l’immigration. Renouons avec la solidarité qui est la nôtre, en assurant un accueil digne et inconditionnel des migrants, sans oublier celles et ceux qui se trouvent aujourd’hui en situation de fragilité dans notre pays.
La culture rapproche les peuples. Elle n’est pas figée, mais vivante et ouverte aux changements. Une République interculturelle, par sa capacité à puiser dans la pluralité de ses composantes, est ainsi plus résiliente et plus apte à trouver des solutions aux défis sociétaux et planétaires. Elle induit également un changement profond de notre modèle de société, puisqu’elle est basée, non par sur la concurrence, mais sur la coopération et la co-construction. Ouverte à toutes et tous, elle accompagne les personnes dans leur recherche d’émancipation et adopte une approche transversale, favorisant la participation de toutes et tous, dans un esprit d’égalité/équité, afin que chaque voix compte.
Concrètement, favoriser l’émergence d’une République interculturelle implique notamment de :
Sensibiliser à l’interculturalité en renforçant l’éducation tout au long de la vie pour l’inscrire dans les mœurs :
Soutenir la recherche pour mieux appréhender les différentes cultures ;
Revoir et coconstruire des programmes scolaires à même de retranscrire la diversité de notre société, en s’appuyant sur le corps enseignant, les parents d’élèves, les chercheurs·ses, les associations… ;
S’appuyer sur les réseaux des bibliothèques/médiathèques pour accessible l’apprentissage des langues régionales et étrangères ;
Donner plus de moyens aux jeunes pour porter des projets interculturels au sein de leur établissement et en-dehors. En ce qui concerne les projets au sein des établissements scolaires, cela nécessite de repenser ces lieux comme des espaces ouverts en-dehors des heures de cours pour accueillir des activités extrascolaires, des clubs… Transformer les établissements scolaires en lieux de vie permet aussi de lutter contre le décrochage scolaire/la peur de l’école, dont les causes peuvent être multiples ;
Soutenir les actions d’éducation populaire et d’apprentissage tout au long de la vie, quel·le·s que soient ses moyens, son âge, sa situation professionnelle, personnelle ...
Mener une politique artistique, culturelle et touristique volontariste pour garantir la cohésion sociale :
Promouvoir les différentes identités culturelles en valorisant et en rendant accessible la richesse de leur patrimoine grâce aux réseaux des bibliothèques/médiathèques, centres d’archives, musées… et en investissant l’espace public ;
Repérer et révéler le patrimoine caché de nos territoires, dont l’histoire est fortement liée à celle des migrations de population ;
Favoriser la coopération interculturelle en facilitant à la fois la mise en relation des personnes, des institutions, des Collectivités, des pays… (plateforme collaborative en ligne…) et le montage des projets (guichet unique d’orientation, accompagnement humain et simplification des démarches administratives).
Une politique étrangère basée sur la coopération et l’ouverture aux autres :
Encourager les projets interculturels entre les amateurs·trices, les professionnel·le·s, les établissements scolaires, les institutions, les villes, les territoires, les régions et les pays (jumelage, échanges artistiques, co-productions…) ;
Plus globalement, repenser les relations culturelles internationales au prisme de la coopération et du co-développement, non seulement en respectant la diversité des populations locales, mais aussi en s’enrichissant de leurs cultures, qui peuvent faire écho à celles des habitant·e·s de notre pays.
Garantir à toutes et tous un accueil digne et inconditionnel des personnes demandeuses d’asile/de droit de séjourner en France. L’État ne peut pas se contenter de les parquer dans des camps, de les chasser… Il doit mettre en place les moyens et allouer les finances nécessaires pour faciliter l’hébergement et l’accompagnement des personnes en attente de régularisation (application réelle de la circulaire Valls…)/d’examen de leur demande d’asile jusqu’à épuisement des recours…
Outre l’accompagnement classique (aide administrative, suivi médical, aide à la domiciliation/amélioration des conditions de vie dans les squats, apprentissage de la langue…), nous devons aussi permettre des moments de convivialité (échanges culturels, parrainages/marrainages républicain·e·s…). Cela implique de donner aux Collectivités territoriales, aux partenaires locaux et aux habitant·e·s les moyens financiers, législatifs et matériels de mener de telles actions.
Faire de l’interculturalité une politique transversale :
Créer un Conseil national de l’interculturalité doté d’une autonomie budgétaire et dont l’avis ne serait pas purement consultatif, réunissant des personnes de différents horizons renouvelées régulièrement par tiers, afin de travailler sur la question de l’interculturalité dans les politiques publiques avec les divers·es organismes et institutions concerné·e·s ;
En local, créer des instances permettant d’associer les habitant·e·s à la co-construction des politiques publiques ;
Revoir les lois concernant l’organisation de l’État et le Code générale des Collectivités territoriales en ce sens ;
Bâtir et améliorer au fil de l’eau collectivement des procédures d’évaluation partagée, quantitatives et qualitatives, tant sur les questions de représentativité de la pluralité de notre société dans tous les domaines (entreprises, médias, mandats électifs…) que sur les processus à l’œuvre et les résultats obtenus. Chaque évaluation devra donner lieu à des actions de remédiation pour sans cesse améliorer la qualité des politiques publiques.