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Les crises annoncées depuis de longues années par les écologistes sont aujourd’hui perçues par la population. Cette reconnaissance ne donne pas pour autant la légitimité politique suffisante pour agir. Le désamour des citoyen.ne.s pour la politique (en tant qu’espace de délibération apte à organiser des choix communs) produit notamment une abstention revendiquée.


La tentation de céder au solutionnisme à des fins électorales n’épargne pas notre mouvement. Proposer des réponses toutes faites à des questions qui n’ont pas fait l’objet d’appropriation sociale est vain. Se poser comme des experts peut être un danger, prétendre résoudre tout à la fois, les problèmes des territoires, des quartiers populaires ou des zones rurales alors que nous vivons de multiples crises est un risque. Les écologistes devraient être les alliés objectifs des acteurs ruraux, mais sont perçus comme des ennemis, les quartiers populaires trouvent qu’ils sont sympathiques, mais ne répondent pas à leur questionnements. Les écologistes eux-mêmes n’ont-ils pas du mal à partager des modalités d’actions en cohérence ?


L’ensemble de ces points de vue est brouillé par la dissolution de la promesse du progrès qui s’éloigne à l’épreuve des crises et de la disparition des écosystèmes.


Pour répondre à la profondeur des bouleversements provoqués par le productivisme, l’injonction de l’urgence à agir est tentante. Mais quel sens prend-elle quand ses fondements se transforment sans cesse et les acteurs de l’espace démocratique ne partagent plus le désir d’un commun profitable à chacun.e ?


L’urgence, s’il en est une, est de répondre en profondeur. Cette situation inédite par son ampleur n’est pas inconnue historiquement, des civilisations ont déjà disparu. Pour maintenir une Cité, fusse-t-elle écologique, il faut s’attacher à un travail d’enquête sur le monde où nous vivons et duquel nous dépendons. Comprendre de quoi nous dépendons et ce à quoi nous tenons vraiment pour formuler de nouvelles revendications. C’est le sens de la motion ponctuelle sur les ateliers « Où atterrir ? » auxquels nous participerons et que nous porterons au débat.

Karim Lapp & Lisa Belluco